Pâques 2020

 

En ce matin de Pâques si particulier, je vous propose de faire un bout de chemin avec trois femmes de Jérusalem

« Lorsque le sabbat fut passé, Marie de Magdala, Marie la mère de Jacques et Salomé achetèrent des aromates afin d’aller embaumer Jésus. Le dimanche, elles se rendirent au tombeau de grand matin, au lever du soleil. Elles se disaient entre elles : « Qui nous roulera la pierre qui ferme l’entrée du tombeau ? »

Comme ces femmes, à l’aube de ce dimanche, ne nous sommes-nous pas levés ce matin avec dans notre vie intérieure, cette même question :

« Qui nous roulera la pierre de l’angoisse qui ferme l’entrée de cette nouvelle journée ? » Car à l’aube de ce 26ème jour de confinement, l’angoisse est toujours fidèle au rendez-vous, dans nos cœurs, au travers de cette question qui revient tout au long de nos conversations téléphoniques : « Qu’est-ce qui nous attend ? Jusqu’où cette épidémie va-t-elle nous mener ? » L’inconnu fait peur, je ne peux pas le maîtriser. La lourde pierre de l’inquiétude et de la peur ferme notre horizon.

« Qui nous roulera la pierre de l’impatience et de la fatigue qui ferme l’entrée de notre énergie à l’aube de cette nouvelle semaine ? »

En effet, les jours se suivent et se ressemblent… En me réveillant, il m’arrive de me poser la question : « Mais quel jour sommes-nous ? » Toujours le même rythme, toujours le même refrain : « Restez chez vous ! » « Combien de temps encore ? », « Quand cela se terminera-t-il enfin ? » nous demandons-nous. L’impatience et la fatigue s’installent peu à peu. Comme le peuple d’Israël, épuisé par cette traversée du désert sans fin, nous sommes nous aussi  souvent à bout.  Ne pas savoir, nous stresse. La lourde pierre de notre fragilité et de nos limites humaines ferme la porte à l’espérance.

« Qui nous roulera la pierre du doute qui vient troubler notre cœur dans cette nuit qui semble sans fin ? »

Avec cette question qui revient sans fin : «  Pourquoi une telle épidémie à l’échelle mondiale ? » « Dieu nous a t’il abandonné ? Oublié ? » « Où est-il ? » « Que fait-il ? » « Je crois Seigneur, viens au secours de mon manque de foi » nous dit le verset de cette année 2020. Ce que nous vivons ces dernières semaines vient bousculer notre foi, notre confiance en Dieu. La lourde pierre de nos questions sans réponses ferme la porte à la confiance.

« Qui nous roulera la pierre… ? »

« Mais quand elles levèrent les yeux, elles s’aperçurent que la pierre, qui était très grande, avait été roulée » nous raconte l’Evangile

Quelle extraordinaire nouvelle ! Cette pierre,  qui les préoccupait tant, n’est plus à sa place ! Elle était pourtant si grande, mais une force bien plus grande l’a roulée !

Osons, ce matin, à notre tour, lever les yeux et découvrir que les pierres qui nous enfermaient ont été roulées !

Oui, c’est une certitude, l’immense pierre de l’angoisse et de la peur a été roulée en ce matin de Pâques :

En effet, la première parole adressée  aux trois femmes près du tombeau, ce matin-là  « N’ayez pas peur, vous cherchez Jésus de Nazareth, celui qui a été crucifié. Il est ressuscité, il n’est pas ici !...Il vous précède en Galilée, c’est là que vous le verrez  », débute par ces trois petits mots :

« N’ayez pas peur … » Ne laissons plus l’angoisse et la peur prendre la première place dans notre cœur ! Car sur ce chemin vers l’inconnu, quelqu’un marche devant nous, le Christ ressuscité, lui-même ! Tel un guide, qui connait parfaitement chaque crevasse du sentier, il nous ouvre la route du quotidien. Rien ne lui fut épargné, ni l’angoisse, ni la solitude, ni la douleur, ni même la mort. Mais rien n’a pu lui résister, en toutes choses, il est plus que vainqueur, c’est pourquoi nous pouvons lui faire pleinement confiance et nous réjouir ce matin : la pierre, si grande,  de  notre angoisse a été roulée, la paix du Ressuscité peut entrer et demeurer dans nos cœurs !

« La pierre avait été roulée… la pierre de l’impatience et de la fatigue qui nous oppresse…roulée elle aussi ce matin ?

Oui, je le crois, car, nous rappelle le livre des Actes « Après avoir souffert, Jésus-Christ se présenta à eux vivant et leur donna de nombreuses preuves, pendant 40 jours, il se montra à eux… » (Actes 1/3). 

Le Christ ressuscité ne s’est pas contenté de venir rejoindre ses amis le matin de Pâques. Pour les encourager et les fortifier, il continua à venir vers eux, alors qu’ils avaient repris leur rythme quotidien.

N’en est-il pas de même aujourd’hui ? Prenons le temps de jeter un regard en arrière dans ces 26 jours de confinement. N’y a -t’-il pas eu, même dans les moments les plus durs, un petit rien, un signe de la présence vivante du Seigneur ? N’avons-nous pas senti une main qui nous portait, nous entourait, nous accompagnait ? Et bonne nouvelle, le Christ continuera à nous rejoindre dans chaque nouvelle journée de confinement qui est devant nous, peu importe le nombre. Nous pourrons lui raconter nos fatigues, nos désarrois, car il a dit un jour à ses amis : « Venez à moi, vous tous qui êtes fatigués et chargés, je vous donnerai du repos ! » (Matthieu 11/28)  Il nous donnera l’énergie nécessaire pour tenir, c’est une certitude. Son bras nous soutiendra, sa main nous fortifiera. (Psaume 89/22)

« La pierre avait roulée… »,  même celle qui pourrait nous faire croire que Dieu nous a abandonnés ou oubliés, n’a pas pu résister à l’extraordinaire événement de ce matin de Pâques.

En effet, dans l’épreuve, quel que soit son nom ou sa durée, Dieu nous ne nous abandonne pas, bien au contraire. Et en ce dimanche matin 2020, il vient s’approcher de tous ceux qui pleurent un être aimé, tout comme il s’est approché de Marie-Madeleine qui pleurait au cimetière ce jour-là ou des pèlerins d’Emmaüs qui rentraient chez eux, abattus de tristesse. Toute comme cette femme bouleversée, ou ces deux amis déséspérés, nous pouvons nous aussi raconter notre douleur au Ressuscité. Il nous connait chacun d’entre nous par notre nom et nous redit ce matin que la mort a perdu son pouvoir. « Je vis et vous vivrez aussi ». En Christ, la vie continue au-delà de la mort. Et aucune puissance ne pourra jamais nous séparer de l’amour de Dieu. Cette promesse donnée du temps d’Esaïe, est toujours vraie aujourd’hui : « Même si tous t’oubliaient, moi, le Seigneur, je ne t’oublierai pas ! »

JOYEUSES PÂQUES A VOUS TOUS, le Christ est ressuscité, réellement ressuscité ! Alléluia !

                                                                                                                       Monique

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